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Le contrat d’artiste, piège ou opportunité ?

Le contrat d’enregistrement, plus communément appelé contrat d’artiste, joue un rôle crucial dans l’industrie musicale : il établit les droits et les conditions de collaboration entre les artistes et leur label.

Véritable Graal il y a quelques années, certains artistes s’en détournent désormais.

Pourquoi ?

Le contrat d’enregistrement exclusif est le contrat par lequel un producteur prend l’initiative et le risque de l’enregistrement, c’est-à-dire l’intégralité des dépenses.

« Être signé » est d’abord une satisfaction personnelle pour l’artiste : cela signifie qu’un producteur souhaite investir sur sa personne et parier sur son succès.

Il ne faut pas négliger les opportunités significatives que peuvent procurer une signature : un soutien financier qui peut prendre la forme d’une avance sur les redevances, un accès à des réseaux, une promotion solide qui pourra le cas échéant passer par le tournage d’un clip, des ressources indispensables pour percer sur la scène musicale.

Alors, quel est le problème ?

Une des premières difficultés réside sans doute dans l’exclusivité, inévitablement prévue dans les contrats relatifs aux musiques actuelles.

Pendant la période d’exclusivité, l’artiste n’a pas le droit d’enregistrer avec un autre producteur – sauf autorisation de son label, ce qu’il peut vivre comme un frein. Sa durée correspond usuellement à celle que le producteur envisage pour développer la carrière de l’artiste.

L’exclusivité a pour contrepartie l’obligation d’enregistrer : il y aura obligatoirement au moins une sortie au cours de cette période.

Le budget d’enregistrement du producteur pourra permettre à l’artiste de passer plus de temps en studio, de se payer des samples, d’avoir « le » directeur artistique, etc…

Pourtant, dès 2001, DAFT PUNK déclarait aux Inrocks :

“Il y avait un stéréotype de la maison de disques des années 1980 et c’était vraiment l’ennemi. Nous venions de la scène indépendante, (…) C’est pour cette raison que nous demeurons producteurs indépendants de notre musique, que nous payons tout, des studios aux clips. C’est celui qui finance l’art qui en possède le contrôle.”

Garder le contrôle serait l’objectif.

En effet, le producteur reste celui qui donne la direction, accepte ou refuse certaines dépenses, et cela peut influer sur la liberté de création.

En outre, il est propriétaire des masters : rien de surprenant à cela, il les a payés.

En cas de rupture des relations contractuelles, il en conserve la propriété : en 2004, Johnny attaquait Universal pour récupérer ses masters, en vain.

Il reprochait notamment à son producteur de l’avoir enfermé dans une « spirale infernale » consistant à lui accorder des prêts importants -plus de 15 millions d’euros en 20 ans- remboursés directement sur ses royalties.

Prince a également connu des conflits avec Warner Bros dans les années 1990. Il a même changé son nom en un symbole imprononçable pour protester contre les restrictions imposées par le label. Finalement, il a poursuivi sa carrière de manière indépendante.

Ces exemples illustrent les situations où les artistes ont souhaité rompre leur contrat d’artiste en raison de divergences créatives ou de désaccords financiers avec leur maison de disques.

L’accès désormais aisé aux différents métiers de l’industrie musicale laisse à penser qu’on peut tout faire soi-même. Attention toutefois : le fait qu’on PUISSE le faire n’implique pas nécessairement qu’on SACHE le faire.

Tout seul on va plus vite, ensemble, on va plus loin…

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